J’avais un souvenir très vague et très douloureux. Était-il réel ? Longtemps je n’ai pas su.
Je revoyais un bâton bien droit, avec une poignée, je ne sais pas comment on appelle cette extrémité où l’on pose la main.
Je revoyais un bâton qu’on rangeait près de la porte d’entrée, avec les parapluies.
Je me revoyais le regarder en attendant le retour de mon père, lorsque je devais être puni.
Je revoyais la marque sur ma jambe, tellement visible un jour, que mes parents m’ont dispensé d’école, pour que le maître ne sache pas.
Je n’aurais jamais su si ces souvenirs étaient vrais ou faux, j’aurais peut-être fini par croire avoir tout inventé, si je n’avais pas un jour retrouvé le bâton. C’était tout récemment. Il était dans la cave de mes parents. Je l’ai pris. Je le garde.
Ce fut presque une libération de l’avoir dans la main.
Jean-Paul Galibert
je suis triste pour le petit garçon que vous étiez
Très fort votre texte, merci !