… qui porte sur son dos le temps
et ne peut disparaître
c’est un rôle que je tiens en portant le blouson
le rôle du temps qui marche et ne s’arrête pas
c’est un relai de générations
et de questions
et de bonheurs et
de quelques malheurs
il y a des trous et des pliures qui font hurler le cuir
mais qui ne peuvent s’éteindre :
la peau la chemise le nez enregistrent
les échos
qui passent par les poches
et passent par le noir et passent par le reste
le corps qui se cachait père de ma mère sous
l’épaisse carapace
et c’est moi qui agite maintenant le bras dur
et remonte le col
et qui remue les ans sur mon dos de jeune homme
pensant dans les rues froides à cet autre jeune homme
qui chuchote sans doute au fond des ombres loin
et me porte avec lui dans sa grande nuit fantôme
on dit souvent cela : qu’il faudrait le jeter
que le blouson est vieux
que le blouson est laid
que le blouson fatigue
mais je sais que les heures ne fatiguent jamais
sur les épaules suivantes
qui accusent le don