Une bague, par Gaëlle Pingault

C’est une bague en or blanc, ornée de deux diamants et de neuf petits saphirs. Profil résolument moderne. On l’admire souvent. Elle pèse vingt-neuf grammes. Dans l’absolu, c’est très peu. Converti en sentiments, elle pèse déjà beaucoup plus lourd.

 C’est un modèle unique, fait sur mesure. J’ai accompagné pas à pas sa mise au point. Et quand je suis allée chercher la bague finalisée, quand j’ai enfin pu la porter à mon doigt, j’ai pleuré. J’ai pleuré un doux mélange de nostalgie –qui s’est arrêtée là- et de douceur. Vingt-neuf grammes d’émotion brute.

Après sa mort, j’ai hérité de la bague de fiançailles de ma grand-mère maternelle. C’était mon grand-père qui l’avait dessinée, puis fait réaliser, pour elle. J’aimais infiniment ma grand-mère, et j’ai partagé de beaux moments avec elle vers la fin de sa vie. Elle était seule et moi aussi. Ça nous laissait du temps l’une pour l’autre.

 Je ne suis pas ma grand-mère. La raison d’être de cette bague, telle qu’imaginée par mon grand-père, avait disparu. Je pouvais juste permettre à l’objet de poursuivre son petit bout de chemin. L’inviter à devenir mon compagnon, après avoir été celui de ma grand-mère.

 La bague classique est devenue bague moderne. L’or jaune est devenu or blanc. Sont restés les diamants, et les petits saphirs calibrés. Sauf un, qui n’a pas supporté d’être desserti.

 Je la porte très souvent. Elle me rend joyeuse. J’y lis à chaque fois l’amour qui fait grandir.

 Et j’étais heureuse de la porter lorsque je suis allée, il y a déjà plusieurs années, passer la première échographie de ma grossesse.

 

 

 

4 réflexions sur “Une bague, par Gaëlle Pingault

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