La médaille et les trois cuillères, par Claude Laîné

 L’Invitation au rêve.

Ce sont des objets insolites, découverts dans une famille que je connais intimement et qui m’est chère. La Grand-mère avait exposé en bonne place dans sa salle à manger, ce diplôme et la Médaille  de Sainte-Hélène qu’il accompagne, délivrés par Napoléon III pour récompenser le soldat Mosseron de  ses bons et loyaux services dans l’armée napoléonienne de 1798 à 1815. Elle conservait aussi soigneusement les trois délicieuses petites cuillères en vermeil, dont elle disait, non sans emphase, qu’elles appartenaient depuis toujours au patrimoine familial, qu’elles venaient de Moscou, transmises par des héritages successifs qui avaient réduit à trois leur nombre initial.

 Et dans cette famille modeste, composée d’une lingère et d’un cheminot, républicaine et fière de l’être  comme pouvaient  l’être des militants de la Libre Pensée  nés à la fin du XIX ème siècle, ces objets incongrus, hérités d’un ancêtre dont on ignorait tout,  exerçaient une espèce de fascination magique, nourrissant les rêves  les plus étranges, où évoluait un grognard de légende, parti à la conquête de l’Europe, arrivant à Moscou, y occupant quelque riche maison avant d’en être chassé par l’incendie gigantesque qui déclencha  la retraite finale … dont les petites cuillères restaient le témoignage.

Ô magie des objets et des légendes qu’ils font naître !!

3 réflexions sur “La médaille et les trois cuillères, par Claude Laîné

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