La statuette de cuivre martelée au balancier, par Marion Lafage

Elle se trouvait sur le bureau de mon grand-père qui avait vécu au Dahomey (l’ancien Bénin).

Cette statuette figure sur son socle rectangulaire une très jeune femme, fièrement campée sur ses pieds écartés, habillée d’une jupe qui lui arrive aux mollets, décorée d’un motif géométrique, trois étoiles stylisées à cinq pointes qui peuvent aussi représenter chacune une peau tendue. On aperçoit juste au-dessus le nombril et un collier entre les seins nus. Le bras droit de la jeune femme de cuivre est levé avec détermination, elle brandit au-dessus de sa tête une tige surmontée d’un plateau circulaire, lequel supporte un enfant aussi fin qu’elle, en équilibre sur un pied. Cette deuxième silhouette humaine est lestée d’un balancier sur les épaules, ses bras écartés en équilibre.

Serait-ce-ce son fils ? Je me le suis toujours demandé. S’agit-il d’une figure mythologique, d’un messager propitiatoire, d’un prophète ?

Sa position surélevée de guetteur mobile pouvant pivoter à 360 degrés lui permet de voir loin mais sa situation est foncièrement instable, précaire, à la merci de la main humaine qui le fait tourner sur lui-même comme une toupie.

La génération future s’appuie sur la précédente qui le soutient en hauteur. Il est question de recherche d’équilibre, de gravité et de tension, d’effort et de tenue. De transmission. De mouvement et d’oscillation sur son axe. D’élévation au-dessus de soi-même. De puissance et de fragilité. De condition humaine dressée depuis toujours entre ce qui dépend d’elle et ce qui n’en dépend pas.

Marion Lafage

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Une réflexion sur “La statuette de cuivre martelée au balancier, par Marion Lafage

  1. Pour avancer, ne devrions-nous pas tous être comme des nains assis sur les épaules de géants – comme le disait Bernard de Chartres au XIIè siècle ( nani gigantum humeris insidentes) ?

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